Quand le concierge dort, les élèves dansent - Pv Sixtine

Le souffle chaud et la respiration saccadé retentit à ses oreilles, le reconnectant avec le monde réel. Un main, immense, calleuse, s'abat sur son épaule et ses doigts comme les serres d'un faucon emprisonne leur proie fermement. C'est qu'il pourrait s'échapper le bougre, marmonne-t-il. Le bougre en question ne comprend pas encore ce qui lui arrive. Une seconde et demi plus tôt, il installait un piège savamment concocté pour que tous ceux qui passeraient dans la galerie des armures soient arrosés par deux kilos de bombabouses fraîchement ramenées de Pré-au-lard. Les sorties à Pré-au-lard servait exclusivement à pouvoir refaire les stocks de farces et attrapes chez Zonko, à se gaver de bonbons de chez Honeyduck et à aller boire une bierreaubeurre au trois balais. Les professeurs devaient penser que les élèves appréciaient le côté culturel d'une telle sortie sinon ils les auraient sûrement fait interdire. Pourtant depuis des générations tous les jeunes sorciers armés de leur gallion d'or investissaient les rues du paisible village et dévalisait les trois boutiques nommées plus haut. A voir ce flot interminable d'élèves se précipitaient à Honeyduck, on pourrait penser qu'ils sont mal nourris à Poudlard, mais ce serait insulté la merveilleuse cuisine des elfes de maison qui se démenaient pour le petit ventre gargouillant et l'appétit énorme des élèves du château. Les élèves n'étaient pas affamés, juste ingrat et un peu stupide pour la plupart, mais très bien nourris. C'est donc à Pré-au-lard que tous les élèves se fournissaient en cauchemar de concierge : bombabouses, frisbee à dent de serpents, boomerang à mouvement perpétuel, boules puantes et toutes autres armes menant la vie dure à tous les concierges du monde. C'était là que Christmas s'était fournis de ces deux kilos de bombabouses kidnappés par le concierge encore haletant de sa course au travers des couloirs du collège. Il savait qu'il aurait des ennuis, mais de là à devoir supporter le sourire pervers du concierge qui se réjouissait déjà de le punir, il y avait un pas. Il savait que le soudoyer n'était pas une bonne idée, faire appel à sa compassion non plus. Non, contre l'infâme mal-aimé de Poudlard, il fallait une solution plus radicale. Fouillant dans les poches de sa robe de sorcier noire, il trouva quelques pétards, lancé en direction des armures, ces pétards créeraient une grande réaction en chaîne qui aboutirait à la chute de toutes les armures dans un bruit assourdissant. La réaction fut plus rapide et plus dévastatrice que prévue, mais elle eut bien lieu. Profitant de l'ébahissement du concierge, Christmas fila aussi vite qu'un troll face à une douche.

Empruntant des milliers de couloirs différents ou mille les mêmes couloirs, il dévalait des escaliers à n'en plus finir. A tel point qu'il ne savait même plus où il était. La seule chose qui comptait était de ne surtout pas se faire rattraper par le concierge. Non seulement, il aurait une retenue, mais en plus il aurait du subir les sermons ennuyants et inutiles du disgracieux homme. Quoi de mieux pour échapper à la vigilance du vieil homme que de retourner sur les lieux du crime. S'il y avait bien un endroit où le concierge ne le chercherait pas, c'était bien dans la galerie des armures. Et puis retourner là-bas lui permettrait de mettre son plan machiavélique à exécution. Il avait employé son intellect brillant à échafauder cette farce, qu'au moins ce ne soit pas en vain. Le sort s'acharne, pourtant, contre lui. Son sac de bombabouses est resté entre les mains parcheminées du concierge. Toute sa belle marchandise, élément essentiel, centrale de son plan, tout cela va être détruit par le feu dans l'âtre du bureau de l'infâme cerbère de Poudlard.En cet instant, Christmas aurait pu entonner un grand : "Ô rage, Ô désespoir", mais heureusement la chance sourit aux imbéciles et il se rend compte que la moitié de son stock est encore sur lui. Le sourire de gamin qu'il affiche en général revient peindre son visage d'homme mal rasé et il court vers les lieux de son forfait. Un kilo au lieu de deux, c'est moins drôle, mais bon il faut se contenter de ce que l'on a au lieu de pleurer sur ce que l'on obtiendra jamais. Les armures se sont remis d'elles-mêmes sur leur présentoir en pierre, reprenant les poses que Christmas leur avait forcé de quitter. Son sourire s'élargit. Sortant sa matière première de son sac, il commença à installer son piège. Puis une ombre se dessina sur les reflets argentés des armures. Stupeur et sueur froide, le concierge est revenu et il n'est pas question de réutiliser le même stratagème de fuite ; il a un peu de classe tout de même. Faisant volte face, il s'arrête au milieu de son mouvement en découvrant qui jette son ombre sur les armures. La pose ridicule, loin d'être assez pathétique, est renforcé par l'air idiot du jeune rouge et or. Mais bientôt, l'étonnement cède sa place à l'amusement. Un brin de malice et de coquinerie passe dans le regard marron sombre du Gryffondor.

» Sixtine : Quand la folie devient divine.